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Однажды в 1923 году президент Французской Республики мсье Думерг пригласил меня в Елисейский дворец. Он захотел познакомиться со мной, поскольку во время его пребывания в Бордигере в Италии кто-то упомянул мое имя, да и он сам прочел несколько страниц моего текста. Мсье Думерг принял меня очень любезно в отделанном красным салоне. Во время беседы он вдруг сказал: «Я могу предложить вам только вермут. Я не король, республиканский этикет обязывает меня держаться просто. Однажды вы расскажете, что президент Франции сказал вам: “Вот, писателю нечего написать о президенте. Президент – фигура скорее бледная. Французский народ не любит тех, кто выделяется. Он ненавидит всех, кто на него не похож”». Я ответил ему: «Господин президент, французский народ мало похож на вас. Разумеется, если король – суверен всей нации, то президент, увы, представитель лишь малых сих. И влияет на события мелкого масштаба. Поэтому вы не делаете историю и т. д. Однажды и т. д.».

(Шамони, 23 марта 1948)

 

III

 

Je rencontre Max Dorian. Voilà quatorze ans que je ne le vois pas. Il m’invite prendre un verre, chez Fouquet. Nouis étions bons amis., en 1931, en 1933. Il travaillait chez Denoel, il faisait le service de presse pour les livres de L. F. Céline. Il venait de temps en temps chez Grasset. Puis, je fus arrété, condamné, déporté à Lipari. Pendant ma deportation il m’écrivait très souvent, m’envoyait des journaux, des revues. Puis ce fut la guerre, je le perdis de vue. Quand parut Kaputt en France, il publia sur moi quelques lignes stupides et méchantes dans un hebdomadaire de Nice: Midi. Je lui répondis vertement, et de même fit Henry Muller, dans Garrefour, qui avait été pris à partie par Dorian, sans aucune raison. Après cet incident, il m’écrivit très amicalement. Je ne lui gardais pas rancune de ses propos idiots et lâches, je suis tellement habitué à être trahi pas les amis! Nous nous asseyons à une table de Fouquet, comme si de rien n’était. Nous parlons de la pluie et du beau temps. Il me dit qu’il va partir pour l’Amérique, où sa femme l’attend. Et soudain il me dit: «Tu sais pourquoi je t’ai attaqué dans Midi?» Je lui réponds que je ne le sais pas. «Parce que tu étais heureux» me dit-il. Je le regarde étonné. «Es-tu sûr que j’étais heureux, à Paris, en 1931, 1933?» je lui demande. «Tu aimais une femme, elle était jolie» me dit-il «elle venait de l’Italie pour te rejoindre ici, quand elle partait elle pleurait. Elle était très jolie, tres douce». Je n’étais pas heureux à Paris, en ces années-là» je lui dis «je santais ce qui allait m’arriver, j’en avais le pressentiment. Je pleurais très souvent, sans aucune raison. Demande-le à Daniel Halévy, à Pierre Bossand Massenet, à Guehénno, à Henry Muller, à Sabatier, à mes amis d’alors, domande leur si j’étais heureux, en ce temps-là». «Je ne sais pas ce qui signife être heureux» me dit Dorian. «Et après tout, ce n’est pas un crime d’être heureux» lui dit-je. «Elle était très jolie» me dit-il «elle t’aimait beaucoup. Tu étais heureux».

Nous nous taisons un long moment. La salle de Fouquet est desert, tout le monde est sur la terrasse. Les voix font un bruit doux à travers les vitres. Ce sont des voix étrangères, roumaines, italiennes, espagnoles, américaines, des voix étrangères.

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