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Que j'ai maudit mon voyage ici! Je vous avoue que ce dernier temps après les lettres d'Euph.[rosine] je voulais faire tout mon possible pour tâcher de vous oublier — car j'étais bien fâchée contre vous. N'ayez point d'inquiétude pour le Cousin, ma froideur l'a rebuté — et puis il est venu un autre concurrent avec lequel il n'ose se mesurer et doit bien céder la place, c'est [le] Anrep qui a été ici ces jours ci, il faut convenir qu'il est très beau [il est] et très original — j'ai eu le bonheur et l'honneur de faire sa conquête — oh pour celui-là il vous surpasse encore, ce que je n'aurais jamais pu croire, il va à son but à pas de géant; jugez, que je crois qu'il vous surpasse même en témérité. Nous avons beaucoup parlé de vous — il m'a dit aussi plusieurs de vos phrases à ma grande surprise, par ex. que j'avais trop d'esprit pour avoir des préjugés. Dès le premier jour presque il se saisit de ma main et dit qu'il a tout le droit de la baiser puisqu'il me trouvait très bien. Remarquez, Monsieur, je vous prie qu'il n'a fait ici ni ne fait la cour à personne d'autre, ni ne me répète des phrases qu'il dit à une autre, au contraire, il ne se soucie de personne [et me suit partout], en partant il m'a dit que cela dépendait de moi [s'il] qu'il revienne ici. Ne craignez rien cependant — je n'éprouve rien pour lui; il ne fait aucun — effet sur moi, quand votre seul souvenir me donne tant d'émotion!

Maman a promis de m'envoyer chercher au mois de Juin si ma Tante ne vient pas l'été. Dois-je vous prier de faire votre possible pour qu'elle le fasse plus vite. J'ai bien peur que vous n'ayez pas du tout d'amour pour moi; mais vous ne sentez que des désirs passagers que tant d'autres éprouvent aussi bien. — Nous avons beaucoup de monde, à peine j'ai trouvé un moment pour vous écrire, il nous est arrivé encore de Novgorod un aimable jeune homme Mr. Pavlichteff, un grand musicien, il m'a dit qu'il vous connaissait. Nous allons aujourd'hui dîner chez une de mes Tantes, il faut finir ma lettre car il faut que je m'habille — je serai en grande société mais je ne rêverai qu'à vous. Ecrivez moi en toute sûreté par Treuer et par Торжок, c'est plus sûr, vous n'avez rien à craindre, il ne sait pas de qui il me remet les lettres, et ici on connaît votre main. Déchirez ma lettre après l'avoir lue, je vous conjure, je brûlerai la vôtre; savez-vous je crains toujours que vous ne trouviez ma lettre trop tendre et je ne vous dis pas tout ce que je sens. Vous dites que votre lettre est plate, parce que vous m'aimez, quelle absurdité, surtout pour un poète, qu'est-ce qui rend plus éloquent que le sentiment. Adieu pour le moment [Si vous sentez comme moi — je serais contente]. Dieu, aurais-je jamais cru que j'écrirai jamais une phrase pareille à un homme. Non, je l'efface. Adieu encore, je vous fais une grimace, puisque vous les aimez. Quand nous verrons-nous. Je ne vivrai pas jusqu'à ce moment. —

20 avril.

 

Милый мой Вяземской, ты молчишь, и я молчу; и хорошо делаем — потолкуем когда-нибудь на досуге. Покаместь дело не о том. Письмо это тебе вручит очень милая и добрая девушка, которую один из твоих друзей неосторожно обрюхатил.

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