C'est un voisin, vieillard goutteux, mort de la pierre;
Ses nieces m'on requis, je veille a leur priere.
Seul, je m'y suis assis des neuf heures du soir.
A la tete du lit une croix en bois noir,
Avec un Christ en os, pose entre deux chandelles
Sur une chaise; aupres, le buis cher aux fideles
Trempe dans une assiette, et je vois sous les draps
Le mort en long, pieds joints, et croissant les deux bras.
Oh! si, du moins, ce mort m'avait durant sa vie
Ete longtemps connu! s'il me prenait envie
De baiser ce front jaune une derniere fois!
En regardant toujours ces plis raides et droits,
Si je voyais enfin remuer quelque chose,
Bouger comme le pied d'un vivant qui repose,
Et la flamme bleuir! si j'entendais crier
Le bois du lit!.. ou bien si je pouvais prier!
Mais rien: nul effroi saint; pas de souvenir tendre;
Je regarde sans voir, j'ecoute sans entendre,
Chaque heure sonne lente, et lorsque, par trop las
De ce calme abattant et de ces reves plats,
Pour respirer un peu je vais a la fenetre
(Car au ciel de minuit le croissant vient de naitre),
Voila, soudain, qu'au toit lointain d'une maison,
Non pas vers l'orient, s'embrase l'horizon
Et j'entends resonner, pour toute melodie,
Des aboiements de chiens hurlant dans l'incendie.*
Между сими болезненными признаниями, сими мечтами печальных слабостей и безвкусными подражаниями давно осмеянной поэзии старого Ронсара, мы с изумлением находим стихотворения, исполненные свежести и чистоты. С какой меланхолической прелестию описывает он, например, свою музу!
Non, ma Muse n'est pas l'odalisque brillante
Qui danse les seins nus, a la voix semillante,
Aux noirs cheveux luisants, aux longs yeux de houri;
Elle n'est ni la jeune et vermeille Peri,
Dont l'aile radieuse eclipserait la queue
D'un beau paon, ni la fee a l'aile blanche et bleue,
Ces deux rivales surs, qui, des qu'il a dit oui
Ouvrent mondes et cieux a l'enfant ebloui.
Elle n'est pas non plus, o ma Muse adoree!
Elle n'est pas la vierge ou la veuve eploree,
Qui d'un cloitre desert, d'une tour sans vassaux,
Solitaire habitante, erre sous les arceaux,
Disant un nom; descend aux tombes feodales;
A genoux, de velours inonde au loin les dalles,
Et le front sur un marbre, epanche avec des pleurs
L'hymne melodieux de ses nobles malheurs.
Non; mais, quand seule au bois votre douleur chemine,
Avez-vous vu, la-bas, dans un fond, la chaumine
Sous l'arbre mort; aupres, un ravin est creuse;
Une fille en tout temps y lave un linge use.
Peut-etre a votre vue elle a baisse la tete,
Car, bien pauvre qu'elle est, sa naissance est honnete.
Elle eut pu, comme une autre, en de plus heureux jours
S'epanouir au monde et fleurir aux amours;
Voler en char; passer aux bals, aux promenades;
Respirer au balcon parfums et serenades;
Ou, de sa harpe d'or eveillant cent rivaux,
Ne voir rien qu'un sourire entre tant de bravos.
Mais le ciel des l'abord s'est obscurci sur elle,
Et l'arbuste en naissant fut atteint de la grele;
Elle file, elle coud, et garde a la maison
Un pere vieux, aveugle et prive de raison.*
Правда, что сию прелестную картину оканчивает он медицинским описанием чахотки; муза его харкает кровью:
...........une toux dechirante
La prend dans sa chanson, pousse en sifflant un cri,
Et lance les graviers de son poumon meurtri. |