Au revoir donc — et parlons d'autre chose. Comment va la goutte de Mr votre époux? j'espère qu'il en a eu une bonne attaque le surlendemain de votre arrivée. По делом ему! Si vous saviez quelle aversion mêlée de respect je rossens pour cet homme! Divine, au nom du Ciel, faites qu'il joue et qu'il ait la goutte, la goutte! C'est ma seule espérance.
En relisant encore votre lettre, j'y trouve un terrible si que je navais pas remarqué d'abord. Si ma cousine reste je viendrai cet automne etc. — au nom du Ciel, qu'elle reste donc! tâchez de l'amuser, rien de plus facile; ordonnez à quelque officier de votre garnison d'être amoureux d'elle, et quand il sera temps de partir, ennuyez-la en lui enlevant son soupirant; rien encore de plus facile. Ne lui montrez pas cela au moins: par entêtement elle est capable de faire tout le contraire de ce qu'il faut. Que faites-vous de votre cousin? mandez-le moi, mais franchement. Envoyez-le bien vite à son université, je ne sais pourquoi je n'aime pas plus ces étudiants que ne le fait Mr Kern. C'est un bien digne homme que Mr K.[ern], un homme sage, prudent etc.; il n'a qu'un seul défaut — c'est celui d'être votre mari. Comment peut-on être votre mari? c'est ce dont je ne puis me faire une idée, non plus que du paradis.
Ceci était écrit hier. Aujourd'hui, jour de poste, je ne sais pourquoi je m'étais mis en tête de recevoir une lettre de Vous. Cela n'a pas eu lieu et je suis d'une humeur de chien le plus injustement du monde; j'aurais dû être reconnaissant pour la fois passée, je le sais; mais que voulez-vous? je vous supplie, divine — compatissez à ma faiblesse, écrivez moi, aimez moi et je tâcherai alors d'être aimable. Adieu, дайте ручку.
14 août.
Ma bonne amie, je vous crois arrivée. Mandez-moi quand vous comptez partir pour Moscou et donnez-moi votre adresse. Je suis bien triste de ce qui m'est arrivé, mais je l'avais prédit, ce qui est très consolant comme vous savez. Je ne me plains pas de ma mère, au contraire je lui suis reconnaissant, elle a cru me faire du bien, elle s'y est prise chaudement, ce n'est pas sa faute si elle s'est trompée. Mais mes amis — ils ont fait expressément ce que je les avais conjuré de ne pas faire. Quelle rage de me prendre pour un sot et de me pousser dans un malheur que j'avais prévu, que je leur avais indiqué? On aigrit S.[a] M.[ajesté], on prolonge mon exil, on se moque de mon existence, et lorsqu'on est étonné de toutes ces bévues, on me fait ses compliments sur mes beaux vers et l'on va souper. Que voulez-vous, je suis triste et découragé — l'idée d'aller à Pskoff me parait souverainement ridicule, mais comme on sera bien aise de me savoir hors de Михайловское, j'attends qu'on m'en signifie l'ordre. Tout cela est d'une légèreté, d'une cruauté inconcevable. Encore un mot: ma santé demande un autre climat, on n'en a pas dit un mot à S.[a] M.[ajesté]. Est-ce sa faute s'il n'en sait rien? On me dit que le public est indigné; je le suis aussi, mais c'est de l'insouciance et de la frivolité de ceux qui se mèlent de mes affaires. O, mon dieu, délivrez-moi de mes amis!
Няня заочно y вас, Ольга Сергеевна, ручки цалует — голубушки моей.
Адрес: A mademoiselle Olga Pouchkine. |