Demain il y a quinze jours que vous êtes parti — il est inconcevable que vous n'ayez pas écrit un mot. Vous ne connaissez que trop ma tendresse et inquiète et déchirante pour moi. Il n'est point dans votre noble caractère de me laisser sans aucunes nouvelles à votre sujet. Défendez-moi de vous parler de moi, mais ne me privez pas du bonheur d'être votre commissionaire. Je vous parlerai grand monde, littérature étrangère — probabilité d'un changement du ministère en France, hélas, je suis à la source de tout, il n'y a que le bonheur qui me manque!
Je vous dirai cependant que ma joie a été parfaite avant-hier soir. Le G.[rand] D.[uc] Michel est venu passer la soirée avec nous — à la vue de votre portrait, ou de vos portraits, il me dit — „Savez-vous que je n'ai jamais vu Poushkin de très près. J'avais de grandes préventions contre lui, mais d'après ce qu'il m'en revient je désire beaucoup le connaître et surtout je tiens à avoir une longue conversation avec lui“ — il finit par me demander Poultava. — Comme j'aime qu'on vous aime!
Malgré que je sois avec vous (malgré l'antipathie que cela vous donne) et douce et inoffensive et résignée — accusez au moins de temps en temps mes lettres. Je serai radieuse, rien que de voir de votre écriture! Je veux aussi savoir de vous-même, mon cher Poushkin, si je suis condamnée à ne vous revoir que dans des mois.
Que de choses dures, [même] déchirantes, même dans cette idée! — Eh bien, voyez-vous, j'ai l'intime conviction que si vous saviez à quel point j'ai besoin de vous revoir — vous auriez pourtant pitié de moi et vous reviendriez pour quelques jours! Bonne nuit — je suis horriblement fatiguée.
Le 20. Je reviens de chez Philareth — il m'a raconté un événement nouvellement arrivé à Moscou dont on vient de lui avoir fait le rapport — il ajouta — раскажити это Пушкину. — Je viens donc de l'écrire avec mon mauvais russe, telle que l'histoire m'a été racontée et je vous l'envoie n'osant pas lui désobéir. — Grâces soient à Dieu, on vous dit heureusement arrivé à Moscou. Soignez-vous, soyez raisonnable — comment jette-t-on une aussi belle vie par les fenêtres?
21. Hier soir à la répétition du carrousel on a beaucoup parlé de votre septième Chant — il a eu un succès bien général. L'Impéra.[trice] ne monte plus à cheval.
Eh bien, écrivez-moi la vérité, quelque douloureuse qu'elle soit. — Vous reverrai-je à Pâques?
Милостивый государь, Александр Христофорович
В 1826 году получил я от государя императора позволение жить в Москве, а на следующий год от Вашего высокопревосходительства дозволение приехать в Петербург. С тех пор я каждую зиму проводил в Москве, осень в деревне, никогда не испрашивая предварительного дозволения и не получая никакого замечания. Это отчасти было причиною невольного моего проступка: поездки в Арзрум, за которую имел я несчастие заслужить неудовольствие начальства.
В Москву намереваяся приехать еще в начале зимы, и встретив Вас однажды на гулянии, на вопрос Вашего высокопревосходительства, что намерен я делать? имел я счастие о том Вас уведомить. |