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Une lettre anonyme fut composée par vous et […] je reçus trois exemplaires [de la dizaine [?] que] l’on avait distribuée. [Cette lettre … avai]t été fabriquée avec si peu de précaution [qu’au] premier coup d’œuil je fus sur les trâc[es de l’au]teur. Je ne m’en inquiétais plus, j’étais sûr de trouver mon drôle. Effectivement, avant trois jours de recherches, je savais positi[vement] à quoi m’en tenir. —

Si la diplomatie n’est que l’art de savoir ce qui se fait chez les autres et de se jouer de leurs projets, Vous me rendrez la justice d’avouer que vous avez été vaincu sur tous les points.

Maintenant j’arrive au but de ma lettre.

Je suis, vous le voyez, bon, ingénu, […] mais mon cœur est sensib[le…] Un duel ne me suffit pl[us…] non, et quelque soit son is[sue, je ne me jugerai pas] assez vengé par la […] it Mr votre fils ni pas [son mariage qui aurait to]ut l’air d’une bonne [plaisanterie] (ce[qui, d’ailleurs,] m’embarrasse fort peu), ni [enfin] par la lettre que j’ai l’honneur de vous é[crire et] dont je garde la copie pour mon usage [particul]ier. Je veux que vous vous donniez la peine [de trouver] vous même les raisons qui seraient suffi[santes pour] m’engager à ne pas vous cracher à la fi[gure et à an]éantir jusqu’à la trace de cette misérable affaire, dont il me sera facile de faire un excellent chapitre dans mon histoire du cocuage.

J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Baron,

Votre très humble et très obéissant serviteur

A. Pouchkine.

 

Monsieur le comte!

Je suis en droit et je me crois obligé de faire part à Votre Excellence de ce qui vient de se passer dans ma famille. Le matin de 4 Novembre, je reçus trois exemplaires d’une lettre anonyme, outrageuse pour mon honneur et celui de ma femme. A la vue du papier, au style de la lettre, à la manière dont elle était rédigée, je reconnus dès le premier moment qu’elle était d’un étranger, d’un homme de la haute société, d’un diplomate. J’allai aux recherches. J’appris que sept ou huit personnes avaient reçu le même jour un exemplaire de la même lettre, cachetée et adressée à mon adresse sous double enveloppe. La plupart des personnes qui les avaient reçues, soupçonnant une infamie, ne me les envoyèrent pas.

On fut, en général, indigné d’une injure aussi lâche et aussi gratuite; mais tout en répétant que la conduite de ma femme était irréprochable, on disait que le prétexte de cette infamie était la cour assidue que lui faisait M-r Dantès.

Il ne me convenait pas de voir le nom de ma femme accollé, en cette occasion, avec le nom de qui que ce soit. Je le fis dire à M-r Dantès. Le baron de Heckern vint chez moi et accepta un duel pour M-r Dantès, en me demandant un délai de 15 jours.

Il se trouve, que dans l’intervalle accordé, M-r Dantès devint amoureux de ma belle sœur M-elle Gontcharoff, et qu’il la demanda en mariage. Le bruit public m’en ayant instruit, je fis demander à M-r d’Archiac (second de M-r Dantès) que ma provocation fut regardée comme non avenue.

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