Votre obligeance, Monsieur, m’est assez connue pour que je vous adresse avec toute confiance cette demande de renseignements détaillés sur une aussi grave question.
Agréez, Monsieur, l’assurance de la considération très distinguée, avec laquelle j’ai l’honneur d’être,
Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur Barante.
A Monsieur de Pouchkin etc. etc. etc.
Mon cher Ami! Voici le libretto de l’opéra. Quant aux deux pièces en vers dont je vous ai parlé, je n’ai pas eu le temps de les mettre au net et je vous les enverra une autre fois. Si vous avez envie de mettre à la lecture de mon libretto toute l’attention que pourrait mériter un ouvrage profondément medité, vous trouverez — j’ose l’espérer — que le drame n’y est nullement tué; au contraire, c’est toujours au drame, en cas de collision, que j’ai sacrifié les beautés lyriques. Personne ne remarque la peine inonie que m’a coûtée cette composition; je m’en glorifie: c’est une preuve, que j’ai vaincu la difficulté. Mais ce qu’on aurait dû remarquer, c’est que dans tout le libretto il n’y a pas jusqu’à la moindre chose qui ne soit intimement li ée au sujet de la pièce; le choeur initial indique déjà toute l’histoire de Sussanine. Le caractère de Ваня est tout-à-fait de mon invention; on a tout attribué aux qualités personnelles de M-lle Воробьев; on ne voit pas que c’est le poëte qui a créé la naïveté et les grâces enfantines de ce caractère. Au reste je ne m’en soucie guère; je suis content moi-même et c’est tout ce qu’il me faut. J’ai médité à ce que vous m’avez conseillé an sujet du pseudonyme. Vous avez parfaitement raison, si on considère les avantages de cette mystification; mais cela ne s’accorde pas avec mes principes, avec le système que j’ai suivi jusqu’aujourd’hui; ce serait reculer devant l’imbécillité du public que j’ai toujours bravée et que je finirai par braver. J’ai rompu en visières avec le monde; il faut que je le combatte loyalement; la victoire sera à moi, ne fût ce qu’après ma mort… j’ai la conscience de moi-même! Il y avait un temps où je blâmais dans mon coeur ceux qui, sachant ce que je valais, n’avaient pas le courage d’intercéder en ma faveur; maintenant j’en suis très content; je ne veux devoir qu’à moi-même ce que j’extorque du public, quelque peu que ce soit.
Tout à vous!
Rosen
A St.-Pétersbourg
ce 13 Décembre 1836.
A M-r Pouchkine.
Милостивый государь Александр Сергеевич!
Снисходительность ваша ободряет меня просить вас, милостивый государь, справиться о чине Павла Ивановича Арсеньева, в объяснении моем упомянутом; он кажется при отставке получил чин генерал-лейтенанта и служил кавалером при воспитании нынешнего государя. Поручая обстоятельство, так сильно меня оскорбляющее, вниманию вашему, с истинным почтением честь имею быть,
милостивый государь вашим покорнейшим слугою Дмитрий Арсеньев
Декабря 14-го дня 1836 года.
Смоленск.
Я вам посылаю, почтеннейший Александр Сергеевич, как французский оригинал, так и русской перевод моей маленькой статьи; жаль мне будет, если читатели найдут ее слишком длинною. |